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Ouvrons les yeux, ils nous prennent pour des cons

29 mars 2011

La merde, un sujet tabou ?

Voici un texte de Friedensreich Hundertwasser publié dans la revue Adbusters (numéro de mars/avril 2011). Il y est question de la merde d'un point de vue écologique. La version française du texte se trouve un peu plus bas. La traduction n'est pas mon métier, il s'agit d'une traduction amateur. Que les anglicistes me pardonnent les approximations.

 

The holy shit

 

It took millions of years for vegetation to cover the

sludge and toxic substances with a layer of humus,

a layer of vegetation and a layer of oxygen, so that

humans can live on earth.

 

And now ungrateful humans are bringing the sludge

and toxic substances – which have been covered with

tedious cosmic effort -back up to the surface.

 

In this way, through the misdeeds of the irresponsible

human species, the end of the world is becoming the

beginning of all time. We are committing suicide. Our

cities are carcinomas.

 

We don't eat what grows near us – we import food from

far away, from Africa, America, China and New Zealand.

 

We don't keep our shit. Our rubbish, our waste is

flushed far away. We are poisoning rivers, lakes and

oceans with it, or we transport it to complicated

and expensive purification plants, or more rarely to

centralized composting facilities. In other cases, our

waste is destroyed. The shit never returns to our fields,

and neither does it return to where our food comes from.

 

The cycle by which food becomes shit is functionning.

The cycle by which shit becomes food is broken.

 

Whenever we flush our toilets, with the conviction

that we are performing a hygienic act, we are breaking

cosmic laws, because in reality it is a godless act, a

sacrilegious gesture of death.

 

When we go to the toilet, lock it from the inside and

flush away our shit, we are trying to put an end to

something. What are we ashamed of ? What are we

afraid of ? We repress what happens to our shit, just

as we repress death. The toilet hole appears to us

like the gate to death ; we try to get away from it as

quickly as possible, forget as quickly as possible about

the rottenness and decay. However, it is exactly the

opposite ! It is with shit that life first begins.

 

Friedensreich Hundertwasser

 

Sainte Merde

 

Il a fallu des millions d'années pour que la végétation recouvre

limons et substances toxiques d'une couche d'humus,

d'une couche de végétation et d'une couche d'oxygène, pour qu'enfin

les humains puissent vivre sur terre.

 

Et voilà que les ingrats d'humains font remonter limons

 

et substances toxiques – qui furent recouverts par un

laborieux effort cosmique – à la surface de la terre.

 

Ainsi, c'est au travers des méfaits de cette humanité

irresponsable, que la fin de monde devient le commencement

de tous les temps. Nous sommes en train de commettre un suicide.

Nos villes sont des tumeurs cancéreuses.

 

Nous ne mangeons pas ce qui pousse près de chez nous

- nous importons de très loin notre nourriture,

d' Afrique, d'Amérique, de Chine et de Nouvelle-Zélande.

 

Nous ne gardons pas notre merde. Nos ordures, nos déchets

sont évacués au loin. Avec eux, nous contaminons fleuves, lacs

et océans ou bien nous les transportons vers de complexes et

couteuses usines de traitements ou plus rarement encore vers

des unités centralisées de compostage. Dans d'autres cas, nos

déchets sont détruits. Jamais la merde ne retourne aux champs,

elle ne retourne pas non plus d'où provient notre nourriture.

 

Le cycle par lequel la nourriture devient merde continue de fonctionner.

Le cycle par lequel la merde devient nourriture, lui ne fonctionne plus.

 

Chaque fois que nous tirons la chasse d'eau, avec la conviction

que nous faisons un geste salubre, nous violons

les lois cosmiques, car en fait il s'agit d'un acte impie,

un acte sacrilège de mort.

 

Lorsque nous nous rendons aux toilettes, nous enfermons de l'intérieur

et évacuons notre merde, nous essayons de mettre fin à quelque chose.

De quoi avons-nous honte ? De quoi avons-nous peur ?

Nous refoulons ce qui arrive à notre merde tout

comme nous refoulons la mort. Le trou des toilettes nous apparaît comme

la lucarne de la mort. Nous tentons de nous en éloigner le plus rapidement

possible, d'oublier tout aussi promptement l'état de pourriture et

décomposition. Pourtant, c'est exactement le contraire !

Originellement, c'est avec la merde que la vie commença.

 

 

 

 

 

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Ouvrons les yeux, ils nous prennent pour des cons
  • Billet d'humeur sur la vie de tous les jours dans ce monde qui ne tourne pas si rond que cela. La pub comme outil de propagande d'un monde qui ne regarde que son nombril. Les subtilités de la Novlangue.
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